Gel ...cide pour les mains
PREAMBULE IMPORTANT :
Blue et Raffa ayant émis des réserves justifiées sur la dangerosité des huiles essentielles à phénols, je réalise qu’on a beau être prudent soi-même, on ne l’est jamais assez avec les autres. En écrivant cet article, j’avais d’abord écarté ces HE, les jugeant trop difficiles à manipuler. Et puis, j’ai trouvé dommage de ne pas les citer, car leur action antiseptique, antibactérienne et antivirale est telle qu’il me paraissait important de les inclure, au moins à titre d’exemple. Je suis moi-même extrêmement prudente et je fais tous les tests utiles, mais ce qui me paraît évident ne l’est pas forcément pour tout le monde, donc, quelques précisions indispensables :
- Cette formule n’est absolument pas destinée aux mains des petits enfants (et encore moins des bébés), mais à celles des adultes et adolescents qui risquent de les contaminer après avoir été en contact avec des personnes malades (donc pas vaguement enrhumées).
- Vous ne vous lavez pas les mains tous les jours à l’eau de Javel...donc, réservez ce gel à un usage exceptionnel (période d’épidémie, si vous pensez avoir été en contact avec une personne vraiment malade et craignez de propager le microbe/virus, etc.)
- Faites TOUJOURS un essai de sensibilité avec les HE, même celles qui ne posent apparemment pas problème, avant de les utiliser dans une formule.
- Et enfin, les articles que j’écris sont de simples récits de mes essais et expériences, et en aucun cas des ORDONNANCES, que je ne suis de toute façon pas habilitée à établir. Comme le disait Bouddha, ne faites pas confiance aveuglément, faites votre propre expérience
L’hiver dernier, au moment de l’épidémie classique gastro/joyeusetés associées, j’ai craint pour ma fille encore petite la transmission « fraternelle ». J’ai donc acheté pour les garçons une solution antiseptique sans rinçage, à utiliser au retour de l’école et en complément du lavage de mains « post-bathroom ». Évidemment, la formule ne me plaisait qu’à moitié, d’autant plus que mon fils cadet avait pris la fâcheuse habitude de remplacer le bon vieux lavage de mimines par une giclée de la magnifique solution bleue…
Encouragée par le Jelly’naigre, j’ai cherché à appliquer le même principe à un gel pour les mains. Après deux ou trois ajustements sur la texture, j’ai obtenu un gel à visée antiseptique (grâce à l’ajout d’huiles essentielles dotées d’une action bactéricide, virucide ou fongicide) à utiliser sans rinçage et sans essuyage. Je n’ai malheureusement de labo sous la main pour réaliser un aromatogramme (j’aimerais bien, pourtant…), mais la puissance des HE – même à faible dose – est telle que la formule me paraît nettement plus performante qu’un simple lavage de mains, même fait au savon de Marseille (j’ai souri lorsque j’ai vu l’AFSSAPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé) recommander la désinfection des « bobos » au savon de Marseille plutôt qu’à l’aide d’un alcool ou d’une solution antiseptique quelconque… car c’est ma mère qui m’a donné cette habitude, il y a des années, et elle n’est pas chimiste !).
Ingrédients et préparation
Agar-agar en poudre ou brut
Eau distillée (ou infusion de fleurs de bleuet ou de calendula)
Alcool à 96° non dénaturé
Huile de jojoba
Huiles essentielles choisies en fonction de l’effet recherché (voir la liste des caractéristiques ci-après)
Porter à petite ébullition l’eau et l’agar-agar, laisser bouilloter 2 minutes. Couper le feu, transvaser dans un récipient de verre à col large (pour faciliter le touillage ultérieur), laisser refroidir en mélangeant de temps à autre pour homogénéiser la préparation.
Verser dans un autre récipient de verre l’huile de jojoba et les huiles essentielles, mélanger soigneusement. J’ai choisi l’huile de jojoba pour sa texture vite absorbée par la peau et son affinité avec celle-ci, mais l’huile d’amande douce convient aussi. On peut également, pour renforcer l’effet réparateur si la peau est très sensible, utiliser du macérat de calendula.
Lorsque le gel est refroidi, verser l’alcool, mélanger soigneusement, puis ajouter le mélange HV + HE et mélanger de nouveau. Verser dans un flacon-pompe.
Utilisation
Verser une noisette de produit sur la paume et masser les deux mains sans oublier les ongles. On peut transporter dans son sac un petit flacon perso, à utiliser hors de la maison. La texture est agréable, la légère sensation de gras disparaît très rapidement, la peau est agréablement nourrie sans coller, l’odeur d’alcool cède très vite le pas à celle des HE. Le produit se conserve plutôt bien (le mien a environ 3 semaines), ce qui est logique vu sa composition, et sa texture reste stable.
Choix des ingrédients : explication
Agar-agar : pour la texture gel
Infusion : pour le petit plus antiseptique et anti-inflammatoire
Alcool : pour l’action désinfectante et l’évaporation (ce qui évite de se retrouver pendant 10 minutes avec les mains collantes)
HV : pour contrebalancer l’effet desséchant de l’alcool et servir de support aux HE
HE : action bactéricide, virucide, fongicide, et bonne odeur !
Choix des huiles essentielles en fonction de leur action
Un grand nombre d’huiles essentielles présentent, à degré variable, des propriétés connues et quantifiées dans l’élimination des microbes, virus, bactéries, champignons…
Globalement, il s’agit des HE à phénols (les plus puissantes mais aussi les plus dangereuses, exemples : cavacrol, thymol, eugénol) et à monoterpénols (= alcools monoterpéniques. On les choisira de préférence. Exemples : géraniol, citronnellol, thujanol, terpinéol, menthol, linalol) pour l’artillerie lourde, et des HE contenant des aldéhydes et des terpènes (antiseptiques et antibactériens, exemples : citronnellal, néral, cuminal, géranial).
Composant | Action bactéricide | Action fongicide | Action virucide |
Phénols (carvacrol, thymol, eugénol) par voie externe = dermocausticité. Ne choisir qu’une HE, bien la diluer dans l’huile végétale et ne pas dépasser 20 % de concentration* (5 % pour le thym à thymol). Si l’on choisit l'une d'elles, l’utiliser de préférence en très petite quantité et l’associer à une HE à monoterpénol. | ++++ origan compact, clou de girofle, cannelle de Chine (écorce) +++ clou de girofle | +++ origan compact, clou de girofle, thym à thymol, cannelle de Chine (écorce) | +++ origan compact, clou de girofle, thym à thymol, cannelle de Chine (écorce) |
Monoterpénols | +++ ajowan, bois de rose, citron zeste (photosensibilisant), laurier noble, niaouli (action sélective), palmarosa, tea tree, géranium rosat CV Égypte, eucalyptus radié | ++++ lavande aspic, palmarosa +++ ajowan, bois de rose, laurier noble, romarin 1,8 cinéole, géranium rosat CV Égypte | ++++ niaouli, ravensare aromatique +++ ajowan, bois de rose, ciste ladanifère (puissant cicatrisant), laurier noble, palmarosa (cicatrisant), tea tree, eucalyptus radié |
Aldéhydes et terpènes | +++ marjolaine des jardins (à coquilles) | +++ litsée citronnée, marjolaine des jardins (à coquilles) | |
Pour ne pas compliquer la consultation du tableau, j’ai donné uniquement le nom commun (français) de ces HE. Pour éviter toute confusion, vérifier sur le flacon le nom latin en s’aidant du tableau ci-après.
Nom commun | Dénomination latine |
Ajowan | Trachyspermum ammi ou Carum copticum |
Bois de rose | Aniba rosaeodora var. amazonica ou Aniba parviflora |
Cannelle de Chine (écorce) | Cinnamomum cassia |
Ciste ladanifère | Cistus ladaniferus CT pinène |
Citron (zeste) | Citrus limonum |
Eucalyptus radié | Eucalyptus radiata ssp radiata |
Géranium rosat CV Égypte | Pelargonium asperum CV Égypte |
Girofle (clou) | Eugenia caryophyllata |
Laurier noble | Laurus nobilis |
Lavande aspic | Lavandula spica |
Litsée citronnée | Litsea citrata |
Marjolaine des jardins (à coquilles) | Origanum majorana |
Niaouli | Melaleuca quinquenervia CT cinéole |
Origan compact | Origanum compactum |
Palmarosa | Cymbopogon martinii var. motia |
Ravensare aromatique | Ravensara aromatica ou Cinnamomum camphora |
Romarin 1,8 cinéole | Rosmarinus officinalis CT cinéole |
Tea tree | Melaleuca alternifolia |
Thym à thymol | Thymus vulgaris CT thymol |
*1 ml d’huile essentielle = 20 gouttes. Pour 100 ml de gel, on utilisera donc au maximum (toutes HE confondues) 100 : 5 = 20 ml, soit 400 gouttes.
Mise en garde
- L’exemple des HE à phénols est donné à titre indicatif. Ces huiles sont à manier avec encore plus de précautions que les autres et leur emploi doit être exceptionnel. Vérifier les contre-indications, faire un essai de sensibilité cutanée et ne PAS UTILISER ce gel pour les bébés, les enfants et les femmes enceintes.
- En raison du risque d’allergie lié à l’emploi de certaines HE (notamment celles qui contiennent du geraniol), verser une goutte sur le doigt et frotter au creux du coude et derrière l’oreille, attendre 24 heures. N’utiliser que si aucune réaction (rougeur, picotements…) ne se produit.
- Ne pas utiliser ce gel pour le nettoyage systématique des mains, et éviter l’application sur le visage.
Sources :
Les huiles essentielles, médecine d’avenir (Dr J-P Willem)
L’aromathérapie – Se soigner par les huiles essentielles (Dominique Baudoux)